Aujourd’hui, on va ouvrir un dossier sensible, une cicatrice encore à vif dans le cœur de nombreux fans d’animes. Un nom qui, rien qu’à son évocation, provoque à la fois des éclats de rire et une profonde mélancolie : Prison School.
On parle d’un anime qui a débarqué en 2015 comme un météore en pulvérisant sur son passage toutes les conventions de la comédie et de l’ecchi. Un chef-d’œuvre d’absurdité, de tension et de stratégies plus débiles les unes que les autres. La première saison nous a laissés en sueur, hilares, et surtout, sur un cliffhanger insoutenable. Depuis, c’est le silence radio. Un silence qui dure depuis maintenant une décennie.
Alors, cette saison 2, est-elle l’Arlésienne de l’animation japonaise ? Un fantasme de fan destiné à ne jamais se concrétiser ? Pourquoi un anime aussi populaire n’a-t-il jamais eu de suite ? On a enfilé notre uniforme, on a aiguisé nos crayons et on a mené l’enquête la plus complète possible pour répondre à cette question qui nous hante tous. Accrochez-vous, la descente dans les cachots de la vérité commence maintenant.
La douche froide : non, il n’y a pas de saison 2 de prison school
Mettons les pieds dans le plat avec la délicatesse d’un coup de talon de Meiko Shiraki. C’est la vérité qu’il faut entendre, même si elle fait mal : non, aucune saison 2 de Prison School n’a jamais été officiellement annoncée. Et à ce stade, après tant d’années, il est quasi certain qu’il n’y en aura jamais.
Voilà, c’est dit. C’est brutal, c’est triste, mais c’est la réalité. Pas de trailer caché, pas de projet secret, pas de bientôt qui se transforme en attente infinie. Le projet est, pour ainsi dire, au point mort depuis la sortie de l’OAV « Mad Wax » en 2016. Les rumeurs ont circulé pendant des années, alimentées par l’espoir inextinguible des fans, mais ni le studio J.C. Staff, ni l’auteur Akira Hiramoto, ni aucun producteur n’a jamais confirmé la moindre mise en chantier. Le rêve d’une suite animée s’est évaporé, nous laissant orphelins de nos prisonniers et de leurs tortionnaires préférés. Mais alors, que s’est-il passé ? Avant de répondre à cette question, revenons sur ce qui a rendu cette première et unique saison si inoubliable.
Résumé de la saison 1 : un chef-d’œuvre de comédie et de perversion
Pour comprendre l’attente, il faut se souvenir de la claque monumentale qu’a été la saison 1. L’histoire nous jette dans l’Académie Hachimitsu, un prestigieux lycée pour filles qui a décidé, pour la première fois de son histoire, d’ouvrir ses portes aux garçons. Ils ne sont que cinq à intégrer cet océan de testostérone : Kiyoshi, le plus « normal » du groupe ; Gakuto, le stratège de génie obsédé par les Trois Royaumes ; Shingo, le bellâtre un peu lâche ; Joe, le fétichiste des fourmis toussotant ; et Andre, le masochiste au grand cœur.

Évidemment, leur rêve d’un paradis rempli de filles tourne vite au cauchemar. Poussés par leurs hormones, ils tentent une opération de voyeurisme désastreuse pour espionner les filles aux bains. Leur sentence, prononcée par le redoutable Conseil Clandestin des Élèves, est immédiate et sans appel : un mois d’emprisonnement et de travaux forcés dans la prison de l’école.
Commence alors un huis clos psychologique et physique d’une intensité burlesque jamais vue. Nos cinq héros sont soumis à la tyrannie de trois femmes aussi belles que sadiques : la présidente Mari Kurihara, fille du directeur et manipulatrice hors pair ; la vice-présidente Meiko Shiraki, dont la poitrine défie les lois de la physique et dont les coups de fouet sont légendaires ; et la secrétaire Hana Midorikawa, une experte en karaté aussi mignonne que psychopathe.
La saison 1 est une escalade constante dans la folie. On suit le plan d’évasion de Kiyoshi pour rejoindre la fille qu’il aime, Chiyo, à un rendez-vous de sumo. Ce plan implique des sacrifices héroïques (la figurine de Gakuto !), des humiliations publiques, des combats de sumo clandestins, des baisers accidentels aux conséquences désastreuses (n’est-ce pas, Hana ?), et des stratégies d’une complexité absurde pour survivre. Le tout culmine dans un plan magistral, le « DTO » (Démolition et Tacos à Gogo), où les garçons, au bord de l’expulsion, réussissent à retourner la situation et à faire emprisonner le Conseil Clandestin à leur place. La saison s’achève sur ce triomphe, mais aussi sur l’introduction d’un nouveau Conseil des Élèves, encore plus menaçant, laissant les spectateurs sur un cliffhanger insoutenable.
Mais pourquoi n’y a-t-il jamais eu de saison 2 de Prison School ?
Le mystère reste entier, mais plusieurs théories très solides permettent d’expliquer cette absence.
- L’anime « publicitaire » : un classique japonais : c’est la raison la plus probable. Au Japon, il est très courant qu’un anime ne soit pas produit dans le but d’adapter une œuvre dans son intégralité. Souvent, une saison de 12 épisodes sert de gigantesque coup de pub pour le manga original. Le but est de booster les ventes de tomes de manière exponentielle. Et dans le cas de Prison School, la mission a été accomplie avec un succès retentissant. Les ventes du manga d’Akira Hiramoto ont explosé après la diffusion de l’anime. Une fois cet objectif commercial atteint, le comité de production n’a tout simplement pas jugé nécessaire d’investir davantage dans une suite.
- Un contenu de plus en plus difficile à adapter : Prison School est célèbre pour son humour ecchi, ses situations suggestives et son ton outrancier. Si la première saison a réussi à naviguer sur cette ligne de crête, la suite du manga va encore plus loin. Les arcs suivants sont encore plus crus, plus délirants et potentiellement plus difficiles à diffuser à la télévision japonaise sans risquer la censure ou le mécontentement des annonceurs. Produire une saison 2 aurait été un pari risqué.
- La fin controversée du manga : le manga Prison School s’est terminé en 2017, et sa conclusion a été extrêmement mal reçue par une grande partie des fans. Beaucoup ont jugé la fin abrupte, insatisfaisante et même trollesque, laissant de nombreuses intrigues en suspens et offrant une conclusion amère à certains personnages. Cette réception très négative a pu refroidir les producteurs, qui auraient hésité à investir dans l’adaptation d’une histoire dont la fin est connue pour être décevante.
- L’agenda du studio J.C. Staff : le studio qui a brillamment animé la première saison est l’un des plus prolifiques du Japon. Ils enchaînent les projets à un rythme effréné. Il est possible que, tout simplement, la production d’une suite à Prison School n’ait pas été une priorité dans leur planning surchargé, surtout face à d’autres licences à succès.
Ce que nous aurions dû voir : les arcs du manga non adaptés
Et c’est là que la douleur est la plus vive. Car la suite, dans le manga, est tout aussi, sinon plus, hilarante et intense que le début. Juste après la fin de l’anime, l’histoire enchaîne directement avec l’arc du Festival Sportif et de la Bataille de Cavalerie.
Imaginez un peu le tableau : les garçons, enfin libres, doivent participer au traditionnel festival sportif de l’école. Mais le nouveau Conseil des Élèves Officiel, bien décidé à les faire expulser, a truqué l’épreuve phare : la bataille de cavalerie. Les garçons se retrouvent à devoir affronter une armée de 200 filles dans une épreuve où tous les coups sont permis.
Cet arc est un chef-d’œuvre de stratégie absurde, où Gakuto déploie des plans inspirés de l’histoire chinoise, où Andre atteint de nouveaux sommets de masochisme pour motiver ses troupes, et où les relations entre les personnages, notamment entre Kiyoshi et Hana, deviennent encore plus complexes et explosives. C’est un arc narratif majeur, rempli de moments cultes que les fans auraient rêvé de voir animés. Et ce n’est que le début de ce que le manga avait encore à offrir.
Où reprendre l’histoire ? le guide pour les lecteurs du manga
Si cet article a ravivé votre frustration et que vous ne pouvez plus attendre, il n’y a qu’une seule solution : vous jeter sur le manga. Et la bonne nouvelle, c’est que la transition est très simple.
La première saison de l’anime et l’OAV qui a suivi adaptent l’histoire jusqu’au chapitre 83 du manga. Pour découvrir la suite directe et plonger dans l’arc du Festival Sportif, vous pouvez donc commencer votre lecture au chapitre 84, qui correspond au début du tome 9.
La saison 2 de Prison School restera probablement l’un des plus grands « et si ? » de l’histoire de l’anime moderne. Un rêve brisé par des logiques commerciales et une fin de manga décevante. Mais ne soyons pas tristes. Célébrons plutôt la perfection de cette unique saison de 12 épisodes, une comédie d’une audace et d’une drôlerie rares, qui a marqué au fer rouge toute une génération de spectateurs. Et pour ceux qui veulent connaître le fin mot de l’histoire, l’œuvre originale d’Akira Hiramoto est là, disponible dans son intégralité. Le voyage au bout de la folie vous attend.