Il y a des noms dans l’univers du manga qui résonnent avec une aura particulière. Des œuvres cultes, réputées pour leur noirceur, leur complexité et leur art magistral, qui ont marqué au fer rouge toute une génération de lecteurs. Übel Blatt est de cette trempe-là.
Pendant près de quinze ans, les fans ont prié, espéré, et ont fini par croire que leur rêve ne se réaliserait jamais : voir l’épopée sanglante de Koinzell prendre vie à l’écran. Et puis, miracle, l’annonce est tombée, et la première saison est arrivée début 2025. L’excitation était à son comble. Mais depuis la fin de sa diffusion, un silence pesant s’est installé, et la communauté est plus divisée que jamais.
Alors, cette saison 2, est-elle un espoir légitime ou une douce utopie ? L’anime va-t-il avoir la chance de continuer sa route et d’adapter la suite de ce chef-d’œuvre ? On a affûté nos lames, on a analysé chaque critique, chaque indice, et on vous livre le dossier le plus complet sur l’avenir incertain de l’une des licences les plus emblématiques de la fantasy.
La saison 2 de Übel Blatt : le verdict est tombé (et il est compliqué)
Allons droit au but, car la vérité est aussi tranchante que la lame de notre héros. À l’heure où nous écrivons ces lignes, en ce mois de septembre 2025, aucune saison 2 de Übel Blatt n’a été officiellement annoncée. Le studio J.C. Staff et le comité de production, bien que financé par de gros acteurs, n’ont fait aucune communication sur une éventuelle suite.
Mais au-delà de l’absence d’annonce, c’est le contexte qui rend la situation complexe. L’accueil de la première saison a été, pour le dire poliment, très mitigé. Si l’on devait quantifier les chances de voir une suite un jour, en pesant le pour et le contre, on arriverait à un score assez faible. Disons qu’il y a environ 40% de chances qu’une saison 2 voie le jour. C’est un espoir, oui, mais un espoir fragile.
Pour information, si vous cherchez des infos sur l’anime, sachez qu’il est principalement connu sous son nom original, Übel Blatt (ユーベルブラット, Yūberu Buratto en japonais), qui signifie « Lame maléfique » en allemand. Il n’a pas vraiment d’autres titres largement répandus. Pourquoi un pronostic aussi prudent ? Parce que si les raisons d’espérer existent, les raisons de douter sont, hélas, bien plus nombreuses.
Les raisons d’y croire : pourquoi l’espoir n’est pas totalement mort
Même avec un score de 40%, l’espoir subsiste. Et il est alimenté par des arguments très solides qui pourraient pousser les producteurs à donner une seconde chance à l’anime.
- La puissance du matériau d’origine. C’est l’atout maître de la licence. Le manga d’Etorouji Shiono est un chef-d’œuvre de 24 tomes, une épopée dense, épique et terminée. La première saison n’a adapté qu’une infime partie de cette histoire, environ les 5 ou 6 premiers volumes. Il reste donc plus des trois quarts d’une histoire incroyable à raconter. Des arcs narratifs majeurs, des retournements de situation spectaculaires, des batailles rangées et une conclusion épique attendent d’être adaptés. Le potentiel narratif est colossal.
- Un producteur aux reins solides. Même si l’anime a été critiqué, il a été financé par un comité de production incluant de grands noms comme Crunchyroll. Ces acteurs ont souvent une vision à long terme. Ils savent qu’une première saison peut parfois servir de test. Si les chiffres de visionnage ont été jugés suffisants (même sans être exceptionnels), et si la vente du manga a été bien relancée, ils pourraient décider de réinvestir dans une saison 2, en espérant corriger les erreurs de la première pour satisfaire les fans.
- La demande persistante des fans du manga. La communauté des fans de Übel Blatt est l’une des plus fidèles et des plus passionnées. Malgré leur déception, beaucoup réclament encore une suite, espérant une adaptation qui rendrait enfin justice à l’œuvre qu’ils aiment. Cette ferveur, si elle reste visible et bruyante, peut parfois influencer les décisions des producteurs.
Résumé de la saison 1 : la vengeance d’un héros trahi
Pour comprendre la ferveur et la déception, il faut se souvenir de l’histoire unique de Übel Blatt. L’œuvre nous plonge vingt ans après la fin d’une grande guerre contre une armée des ténèbres. Le royaume a été sauvé par quatorze jeunes guerriers qui ont reçu les Lances Saintes. Trois d’entre eux, les Glorieux Guerriers sans Retour, sont morts au combat. Quatre autres, surnommés les Lances de la Trahison, ont été exécutés pour avoir trahi et assassiné leurs camarades. Les sept derniers sont devenus les Sept Héros, adulés par le peuple et placés aux plus hauts postes du pouvoir.
C’est dans ce contexte que l’on découvre un mystérieux guerrier à moitié elfe, à l’apparence d’un enfant mais à la puissance dévastatrice : Koinzell. On apprend très vite qu’il n’est autre qu’Ascheriit, l’un des membres des Lances de la Trahison, laissé pour mort vingt ans plus tôt. Ayant survécu grâce à la magie des fées, il revient sous une nouvelle identité pour accomplir sa vengeance : retrouver et tuer les Sept Héros, qui sont en réalité les vrais traîtres qui ont usurpé la gloire et le pouvoir.
La saison 1, animée par le studio J.C. Staff, nous a montré les débuts de cette quête sanglante. On a suivi Koinzell alors qu’il traquait ses premières cibles, révélant la corruption et la décadence qui rongent l’empire. Son chemin croise celui de plusieurs personnages qui deviendront ses compagnons de route, comme la jeune contrebandière Peepi ou la guerrière Ato. L’anime a posé les bases de l’univers, un monde de fantasy médiévale sombre et brutal. Il a tenté de retranscrire la violence des combats et la noirceur du propos, montrant un anti-héros prêt à tout pour assouvir sa vengeance, dans un monde où la frontière entre le bien et le mal est plus que floue.
Une adaptation controversée : pourquoi la saison 1 a divisé les fans ?
Si l’espoir d’une saison 2 est si fragile, c’est parce que la première saison, bien qu’attendue comme le messie, a profondément déçu une grande partie des fans de l’œuvre originale. Les critiques qui sont revenues le plus souvent sont les suivantes :
- Un rythme beaucoup trop rapide. Adapter plusieurs tomes d’un manga aussi dense en seulement 12 épisodes est une mission quasi impossible. L’anime a été contraint de survoler, voire de couper, de nombreuses scènes et développements de personnages importants, donnant une impression de récit précipité qui ne laisse pas le temps à l’univers et aux enjeux de s’installer.
- Une censure malvenue. Übel Blatt est une œuvre extrêmement graphique, connue pour sa violence crue et sa nudité frontale. L’anime, pour pouvoir être diffusé à la télévision, a considérablement édulcoré ces aspects. La violence a été atténuée, et les scènes les plus osées ont été censurées ou simplement supprimées. Pour beaucoup de fans, cela a trahi l’esprit « seinen » mature et sans concession de l’œuvre originale.
- Une qualité d’animation jugée insuffisante. Le plus grand atout du manga d’Etorouji Shiono est son dessin. C’est un chef-d’œuvre de finesse, de détails et de dynamisme. Le studio J.C. Staff, bien que compétent, n’a pas réussi à retranscrire cette maestria à l’écran. L’animation a été jugée correcte, mais souvent statique et manquant d’impact, surtout en comparaison avec les standards actuels de la dark fantasy (comme Jujutsu Kaisen ou Chainsaw Man). La direction artistique n’a pas su capturer la beauté sombre et gothique des planches originales.
Date de sortie potentielle : à quand le jugement dernier ?
Dans un scénario où les producteurs décideraient de braver les critiques et de donner une seconde chance à la série, il faudrait être patient. Le temps de prendre en compte les retours des fans, de potentiellement changer d’équipe créative et de lancer la production, le délai serait conséquent.
Si une annonce surprise pour une saison 2 était faite début 2026, il serait très peu probable de voir la série arriver avant la fin de l’année 2027. Un délai de 18 à 24 mois serait nécessaire pour, espérons-le, produire une suite de meilleure qualité, capable de réconcilier les fans avec l’adaptation.
L’avenir de Übel Blatt en anime est l’un des plus incertains qui soient. C’est une situation frustrante où le potentiel d’une histoire légendaire a été entravé par une première adaptation jugée décevante. La saison 2 est un rêve de fan, un pari risqué que les producteurs ne sont peut-être pas prêts à prendre.
Pour ceux qui veulent découvrir la véritable puissance de cette épopée, la seule voie royale reste le manga, publié en France dans une superbe édition Ultimate chez Ki-oon. C’est le meilleur moyen de vivre la vengeance de Koinzell dans toute sa splendeur, sans filtre et sans concession.