On a fini par ne plus y croire. C’était devenu une légende urbaine, le genre de projet qu’on évoque à voix basse sur les serveurs Discord entre deux raids, comme un fantôme qu’on espère voir surgir sans jamais vraiment y compter. Un MMORPG en vue du dessus, avec une direction artistique à tomber par terre et une promesse de difficulté « à l’ancienne » ? Sur le papier, c’était trop beau pour être vrai. Et pourtant, le miracle a eu lieu.
Corepunk n’est plus un mythe. Après des années de silence, de reports justifiés par des événements géopolitiques tragiques et de phases d’alpha ultra-fermées, le titre d’Artificial Core est enfin une réalité tangible. C’est le mélange improbable entre l’ambiance crasseuse d’un Cyberpunk, la magie d’un Arcane et le gameplay tactique d’un League of Legends, le tout saupoudré d’une couche de MMORPG massivement multijoueur.
Mais maintenant que la porte est entrouverte, une question demeure pour ceux qui n’ont pas encore sauté le pas ou qui attendent la version « finale » : où en est-on exactement ? Peut-on considérer le jeu comme sorti ? Qu’est-ce qui nous attend dans ce monde impitoyable de Kwalat ? On a enfilé notre meilleure cape, on a vérifié nos implants cybernétiques, et on vous livre le dossier complet sur la sortie de cette pépite.
L’accès anticipé de novembre 2024 : le vrai coup d’envoi
Commençons par dissiper le brouillard (de guerre) : si vous cherchez une date de sortie pour la version « 1.0 » définitive, boîte sur les étagères et campagne marketing mondiale, il n’y en a pas encore. Cependant, pour les joueurs, le jeu est bel et bien là.
L’équipe d’Artificial Core a tenu sa promesse (après maints reports, certes) en lançant l’accès anticipé le 26 novembre 2024. Ce n’est pas une simple bêta fermée où tout votre progrès est effacé après trois jours. C’est le « soft launch » du jeu. Les serveurs sont ouverts, la boutique est en ligne, et la communauté a commencé à coloniser les terres dangereuses de Kwalat.
Pourquoi pas de date pour la version finale ? Parce que le studio adopte une approche moderne et honnête du développement. Cet accès anticipé est prévu pour durer. Il s’agit de construire le jeu avec la communauté. Depuis novembre 2024, le jeu reçoit des mises à jour régulières, ajoutant de nouvelles classes, équilibrant le PvP sauvage et peaufinant l’économie.
Si l’on se base sur les standards de l’industrie pour des MMORPG de cette ampleur (regardez Baldur’s Gate 3 ou d’autres succès en EA), il est raisonnable de penser que la version 1.0 officielle n’arrivera pas avant 2026, voire 2027. Mais ne vous y trompez pas : le contenu actuel est déjà massif. Si vous attendiez le feu vert pour vous lancer, considérez que le feu est passé au vert clignotant : c’est jouable, c’est stable, mais c’est encore en chantier.
C’est quoi Corepunk ? Le mariage fou entre Diablo, LoL et WoW
Si vous n’avez jamais entendu parler de ce titre, accrochez-vous, car le concept est un cocktail explosif. Corepunk est un MMORPG en monde ouvert, développé par le studio Artificial Core.
- Le studio : Artificial Core n’est pas un géant comme Blizzard ou NCSoft. C’est un studio indépendant, fondé à Amsterdam mais avec des racines profondes en Ukraine. L’histoire du développement est d’ailleurs touchante, l’équipe ayant dû travailler en pleine zone de guerre, ce qui explique les longs délais entre 2022 et 2024. C’est un projet de passionnés, et ça se sent dans chaque pixel.
- L’univers : Kwalat. Oubliez les elfes en collants verts et les châteaux médiévaux classiques. Corepunk propose un univers « Mana-punk ». C’est un mélange de Cyberpunk, de Steampunk et de Dark Fantasy. On y croise des orcs en blouson de cuir avec des implants bioniques, des mages qui utilisent des technologies interdites, et des villes éclairées aux néons au milieu de friches post-apocalyptiques. La direction artistique, en cel-shading soigné, rappelle les meilleures productions de Riot Games (Arcane), avec une identité visuelle très forte.
- Le gameplay : la vue du dessus. C’est la grande particularité. Le jeu se joue en vue isométrique (comme Diablo ou League of Legends). Mais contrairement à un Hack’n’slash où l’on massacre des milliers de monstres à la seconde, Corepunk est tactique. Les combats sont lents, méthodiques. Chaque compétence a un temps de recharge, chaque positionnement compte. On ne peut pas « kite » à l’infini. C’est un rythme qui déstabilise au début, mais qui rend chaque affrontement (PvE ou PvP) incroyablement intense.
Le Brouillard de Guerre : la mécanique qui change tout
C’est probablement l’aspect le plus discuté et le plus révolutionnaire de Corepunk. Dans la plupart des MMORPG (World of Warcraft, FFXIV), vous voyez les ennemis arriver de loin. Vous avez une mini-carte qui vous indique tout. Ici, Artificial Core a décidé de vous rendre paranoïaque.
Le jeu utilise un véritable système de brouillard de guerre (Fog of War), exactement comme dans un MOBA ou un jeu de stratégie (RTS).
- Ce que ça change : vous ne voyez que ce que votre personnage voit (son cône de vision). Derrière ce mur ? Vous ne savez pas. En haut de cet escalier ? Mystère. Dans ce buisson ? Peut-être un lapin, peut-être une escouade de cinq joueurs prêts à vous dépouiller.
- L’impact sur l’exploration : cela rend l’exploration du monde ouvert réellement dangereuse et excitante. On avance prudemment. On écoute les bruits de pas. Les embuscades sont une mécanique centrale du gameplay.
- La coopération vitale : c’est là que le jeu en groupe prend tout son sens. Avoir un éclaireur, quelqu’un qui surveille les arrières, devient une nécessité tactique et non plus une option. Se balader seul dans Corepunk, c’est accepter d’être une proie facile.
Cette mécanique apporte une tension permanente qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans le genre MMO. C’est un retour aux sources du danger, où le monde n’est pas un parc d’attractions sécurisé, mais une terre hostile à conquérir mètre par mètre.
Modèle économique et progression : le retour du Buy-to-Play
À une époque où le « Free-to-Play » (gratuit avec microtransactions) est roi, souvent accompagné de mécaniques « Pay-to-Win » (payer pour gagner) détestables, Corepunk a fait un choix courageux qui a séduit les puristes.
Le modèle économique
Le jeu est Buy-to-Play. Vous achetez le jeu une fois (comme un jeu console classique ou Guild Wars 2 à l’époque), et vous avez accès à tout le contenu.
- Pas d’abonnement mensuel obligatoire.
- Boutique cosmétique uniquement : Le studio a martelé ce point : on ne pourra acheter que des skins, des apparences, des emotes. Pas de potions d’expérience, pas d’armes légendaires, pas de ressources de craft. Votre puissance dépendra uniquement de votre temps de jeu et de votre talent (« skill »).
La progression horizontale : l’art de la spécialisation
L’autre point fort révélé par l’accès anticipé est le système de classes. Au lieu d’être enfermé dans un rôle rigide (Tank, Heal, DPS), le jeu propose une grande flexibilité via les Masteries (Maîtrises) et les Artefacts.
- Les héros : vous choisissez un archétype de héros (comme le Bomber, le Defender ou le Blast Medic).
- Les spécialisations : chaque héros a trois arbres de talents distincts qui changent radicalement le gameplay. Un Paladin peut être un tank indestructible ou un soigneur de première ligne selon ses choix.
- L’équipement : les objets ne donnent pas juste des statistiques (+10 force), ils offrent des compétences passives et actives.
Ce système encourage le « theorycrafting » (la création de builds optimisés). On passe des heures à tester des combinaisons pour trouver celle qui surprendra l’adversaire en PvP. Car oui, le PvP est ouvert dans la plupart des zones de haut niveau, et perdre un combat signifie souvent un long chemin de retour (bien que le jeu ne soit pas « full loot » comme Albion Online, la mort est punitive).
Corepunk est un pari risqué. C’est un jeu lent, difficile, qui ne vous prend pas par la main. Il va à contre-courant de la tendance actuelle des jeux rapides et assistés. Et c’est exactement pour ça qu’il fascine. Depuis son lancement en accès anticipé fin 2024, il polarise : on adore ou on déteste. Mais une chose est sûre, il ne laisse personne indifférent.
Si vous cherchez une expérience sociale forte, où la communication est obligatoire et où chaque victoire se mérite, alors bienvenue sur Kwalat. La date de sortie officielle de la version 1.0 importe peu, l’aventure a déjà commencé, et les légendes s’écrivent maintenant. Préparez vos potions et surveillez vos arrières, le brouillard vous observe.
